UN « BREAK » A LA MONTAGNE AVEC XAVIER DEBERNIS …
Même passionné (e), ce n’est pas toujours facile de caser une semaine de patinage dans l’emploi du temps de l’été familial … Mais pour le patineur, c’est un moment salutaire pour préparer sa rentrée avec quelques acquis supplémentaires.
En stage on a le temps. Alors, on commence par reprendre les bases : une condition qui permet d’adopter/de confirmer la bonne posture sur la glace, de libérer son haut de corps, et d’ajouter quelques difficultés techniques.
Xavier nous certifie qu’en « maîtrisant les quatre carres en avant et en arrière, on arrive à tout faire ». C’est la raison pour laquelle, après quelques exercices d’échauffements standards, il commence toujours ses séances par de grands lobes de 4 temps en dehors sur la longueur de la piste, puis en dedans, en avant et en arrière. Le positionnement du haut du corps, et en particulier des épaules (en contre position pour les dedans) accompagne les carres pour tenir chacun des lobes sur la durée. La tête regarde dans la direction où l’on patine, et les mains restent dans le champ de vision : « si on avance de 20° l’angle de la main gauche, on recule d’autant l’angle de la main droite ». Plus on monte en niveau, plus on ajoute des difficultés à l’exécution de ces grands lobes.
On aborde aussi la propulsion. On s’applique à fléchir sur son appui avant de s’élancer devant soi sur une première poussée, et à re-fléchir en amont de chacune d’elle pour acquérir un rythme régulier de montée et de descente, comme le mouvement de piston d’une locomotive. Chaque jour, on s’habitue à un peu plus de vitesse : les jambes se fortifient, et les appuis s’affermissent … Arrivent alors les premières difficultés : les retournements.
Certains consistent à passer d’un pied sur l’autre : mohawk, choctaw, d’autres d’une carre à une autre sur le même pied : trois, rocker, bracket, contre-rocking. Leur point commun ? Tous s’opèrent les jambes sous le bassin.
On arrive à gagner en assurance en respectant quelques principes de base. Si on en reste aux mohawks et aux trois : fléchir pendant la carre d’entrée, alléger, et fléchir pendant la carre de sortie (Eh oui, il y a 2 carres dans le mouvement !) Attention, alléger ne veut pas dire rester tendu en suspension (beaucoup trop périlleux), alléger signifie un transfert effectif du poids du corps d’un (e) pied/carre à l’autre. La bonne position des épaules garantit le succès du transfert. Pour les trois, les épaules engagent la rotation puis la stoppent (sans à-coup) par une position de contre rotation. Là, il faut un peu de coordination dans l’exécution du mouvement.
Alors, on reprend les trois sous toutes ses « carres » en cercle, en lobe … On corrige les défauts d’engagement de carre, de positionnement d’épaules. Xavier filme (c’est généralement la consternation !) On reprend, on étudie les traces des mouvements laissées sur la glace, et on apprécie aussi l’esthétique du mouvement (jambe libre tendue) … Une fois ces points techniques maîtrisés, on passe aux double trois. Et là, on reprend (pratiquement) tout à zéro ! Les premières satisfactions apparaissent quand on prend conscience que la vitesse aide à passer les retournements.
On se lance alors dans le programme de révision/apprentissage des danses imposées. On revoit les pas ensemble d’abord en solo : « c’est quoi le pas après le couru ? », puis à deux. On s’accorde : « moins profonde ta carre ! », on discute : « on n’est pas dans le schéma ! », on apprend ensemble : « je suis coincé dans la barrière, là ! ». Patiemment, notre coach Xavier règle nos problèmes, nos défauts, harmonise nos différences. Et là : « On se fait la starlight ? Oui mais en petit ! » pour tenter d’atteindre le graal.
Pause ! Un coup de mou ? Pas de souci, il y a du coca en petite canette. On avale un morceau de chocolat que Xavier a mis à disposition sur la barrière. Pas du chocolat de supermarché, ils viennent de chez Bocuse ! Il y en a de toutes sorte : « tu as gouté le blanc au caramel beurre salé ? Une vraie tuerie !». Et on reprend.
En comparaison avec l’artistique, les mouvements de rotation sont abordés (trop) tard chez les danseurs. C’est pourquoi l’apprentissage du twizzle représente une grosse difficulté, sans doute à cause de la perte de repère dans la gestion de l’espace. L’enjeu consiste surtout à trouver son axe. Alors sur les longueurs, on s’exerce à le ressentir : on fixe un point devant soi, on déporte le poids de son corps sur sa jambe d’appui, on monte gainé en extension, et on engage le mouvement de rotation, la jambe libre allant se fixer à la bottine de la jambe d’appui. Quelle satisfaction quand ça tourne ! Mais il faut vite revenir sur glace pour terminer le mouvement par une ouverture des bras (gracieuse, si possible) … A l’opposé, c’est bizarre, ça tourne moins bien ! C’est normal, on a tous un côté préféré. Alors on recommence, on replace, on twizzle à nouveau … Allez, on change d’exercice. Ce sera mieux demain !
Aujourd’hui on essaye la pirouette ! Quand on s’y met, on peut vraiment dire qu’on sort de sa zone de confort ! On peut écrire des listes entières de points techniques, de consignes, … on la réussit après en avoir tenté des milliers, et réussi quelques-unes. A nouveau il faut trouver son axe, mais cette fois s’y fixer ! On sort de l’exercice à moitié groggy. Toujours pas correct … On recommence …
A la fin du stage, tout est revu, jusqu’aux lames des patins fixées un poil désaxé empêchant le beau dehors ou de dedans juste …
Le corps a mémorisé les bonnes postures, les bras ont trouvé leur harmonie avec les mouvements des jambes : la glisse devient délicieuse. On se prend à vouloir interpréter, et pourquoi pas présenter un « libre » … Xavier encourage. Toujours !
On entreprend le tango canasta en bloc sur la musique de Pirates des Caraïbes pour conclure le stage. On prend le temps de se caler. On ajuste même la couleur des tee-shirts pour faire apparaitre le drapeau français.
18h01. Le glacier fait vrombir le moteur de la surfaceuse pour nous inciter à quitter la piste plus rapidement. Mine de rien on a enchaîné 4 heures de patinage ! On va déchausser au vestiaire. C’est la dernière fois cet été.
On se dit au revoir, on se congratule, on se remercie, mais on n’arrive pas à se quitter.
Il n’y a que les pieds qui attendaient impatiemment ce moment de délivrance !
Thérèse GUINOT 20/08/2022