C’est décidé, la saison prochaine, je présente un libre … C’est la meilleure décision que vous prenez pour progresser tant sur le plan technique, que sur l’expression corporelle. Pour les imposés de la danse sur glace, le placement du haut du corps est indispensable pour respecter les schémas. Pour le libre, il faut tâcher d’interpréter tout en prolongeant les mouvements jusqu’au bout des doigts.
Pour un premier essai, inutile d’exiger la perfection : il faut bien se lancer un jour …
A notre niveau, décidons simplement de faire passer un bon moment aux juges et aux quelques patineurs spectateurs.
Le préalable indispensable pour se lancer dans un tel défi consiste à s’associer la complicité d’un chorégraphe (et prévoir peut-être un petit budget pour cela), avoir quelques jolis mouvements, et s’armer de constance pour mener son projet à son terme. En voici les 5 grandes étapes :
1 : Choisir sa musique, sa tunique, sa coiffure et son maquillage
C’est un grand moment de joie que celui de préparer, dans le menu détail et sans précipitation, sa contribution aux compétitions adultes de la saison. Un programme libre, c’est un tout : la musique, son époque, sa mode. On peut toujours patiner sur une musique actuelle, mais il faut avoir quelque chose à raconter. Le plus amusant est de chercher plutôt à dépoussiérer un vieux succès, ou mieux pour réveiller l’enthousiasme du public et gagner le cœur des juges, en choisissant d’incarner un personnage (cf CANDELORO et son Dartagnan aux JO de 1998).
Astuce : pour choisir sa musique, constituez une play list de vos thèmes préférés. Puis identifiez votre short list de 3 musiques et partagez-la avec votre chorégraphe. C’est lui qui arbitrera par rapport à tout un tas de critères, … dont sa propre inspiration.
2 : Monter le programme libre avec le chorégraphe, et le mémoriser en détail
Les conditions de montage sont plus confortables en séance publique. En cours collectif, c’est souvent un moment furtif pendant l’échauffement ou en fin de séance. Quoi qu’il en soit, il faut se montrer pro-actif, disponible et efficace. Les vidéos sur portables sont recommandées.
Astuce : après chaque entrainement, consignez toutes vos corrections. Avant chaque entrainement, revisionnez vos vidéos, relisez vos notes (pas, difficultés techniques et consignes). Enfin de manière à optimiser son temps sur la glace (et respecter le travail du chorégraphe), faites le plus possible de sol en musique entre les entrainements.
3 : Roder le programme
Le programme contient 4 éléments imposés : séquence de pas (circulaire ou en diagonale), attitudes, twisles, pirouette. Ces éléments sont validés par niveau de difficultés. Les transitions sont également évaluées, de même que la qualité du patinage et l’esthétique du programme: il est attendu du patineur qu’il transmette une émotion.
Tout le long de la saison, le chorégraphe/coach travaille à faire progresser le patineur. C’est la raison pour laquelle le programme fait l’objet d’ajustements constants. Celui-ci est rodé par séquence préférablement pendant les séances publiques : il s’agit d’acquérir des automatismes pour pouvoir consacrer son esprit à l’expression. Quelques semaines avant la compétition, le programme est exécuté dans son intégralité plusieurs fois.
Astuce : Les chutes à l’entrainement sont bénéfiques parce qu’elles apprennent à nous relever, et à reprendre le programme interrompu. L’attention et les efforts personnels réguliers sur la glace sont gage de réussite. Si le patineur joue le jeu, alors non seulement le couple élève-chorégraphe est gagnant, mais le club qui le porte aussi !
4 : Travailler sa condition physique régulièrement
Sans entrainement régulier, la condition physique est insuffisante pour le compétiteur. Après une minute de programme, le patineur aborde souvent difficilement la fin de sa prestation. Alors impossible d’échapper à un fond d’endurance hors glace par des séances de course à pied de 30 minutes au moins 2 à 3 fois par semaine (la corde à sauter n’est pas mal non plus !), et pour parfaire la forme physique, par quelques exercices d’abdominaux …
Astuce : mettez-vous votre play list dans les oreilles, et répétez-vous que vous travaillez sur votre santé à horizon des vingt prochaines années de votre vie…
5 : Dominer ses émotions quand arrive l’heure H …
Votre moment est enfin arrivé. Vous êtes prêt(e) car vous avez été sérieu(x)se lors de votre préparation. A moins d’avoir un peu travaillé la question avec un préparateur mental, vous ne disposerez malheureusement que de 50 % de vos capacités … sachez que vos concurrents vivent la même chose ! Alors ne laissez pas votre mental gâcher votre petit show annuel, et surtout
po-si-ti-vez ! A moins d’avoir « mal à votre égo » en cas de chute, vous n’avez rien à perdre, ce ne sont pas les Jeux Olympiques !
- Si votre coach n’est pas présent, pensez à gérer le temps de votre entrainement officiel.
- Quand vous entrez sur glace à l’annonce de votre nom, souriez.
- Prenez le temps de vous présenter avant de prendre votre pose à votre point de départ.
- Soyez à ce que vous faites : 2 minutes, ça passe très vite !
- Et maintenant, lâchez tout et pensez à vous faire plaisir.
- Quand vous quittez la glace, quel que soit votre ressenti par rapport à votre prestation, prenez le temps de saluer votre public, et de sourire à nouveau.
Voici en conclusion une petite anecdote vécue à la dernière édition toulousaine de la compétition adulte des Druides. En pleines épreuves, une petite patineuse m’a interpellée pleine d’enthousiasme : «bonjour, c’est vous qui aviez dansé sur le 5ème élément l’année dernière ? J’ai adoré !». « Oui c’était bien moi. Oh merci de votre indulgence !». Ce jour-là en sortant de la piste, je me souviens avoir été tellement déçue de moi … Comme quoi !
Thérèse GUINOT (9/05/2021)